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Apres deux journées de train depuis Ulaan Baatar, nous rejoignons le hameau de Bolchie Koty sur la rive ouest du Baikal. Alexey, qui accueille quelques touristes en été, s'étonne de notre arrivée à l'improviste et de cette chance qui nous poursuit : il lui reste un plancher dans le grenier de sa cabane située à l'orée de la fôret, entre lac et montagne. Dans la pièce de vie, on peut consulter un magnifique livre de photos, et lire sur les murs : "From Baikal you can drink water, but tapwater you must boil" "sorry no internet here": je sens qu'on va etre bien ici...
Un jour nous longeons la mer d'huile où scintillent les reflets du soleil. Des cédres plusieurs fois centenaires et des fleurs stoppent notre marche lente. Un vent léger, rafraichi au contact de cette masse d'eau gelée 8 mois de l'année, et quelques papillons donnent matière à ce tableau splendide.
Le lendemain, nous nous enfoncons dans la Taiga, cet océan de fôret qui entoure le lac. Quiétude et énergie se dégagent simultanement de ces lieux! Des millions de fourmis se pressent d'acheminer vivres et brindilles vers des dizaines de forteresses au pied des pins. Nous n'osons parler de l'ours, confiants qu'il doit se repaitre ailleurs, plus loin des hommes, va savoir...
Le soir nous dégustons des omouls fumés (ombles endémiques du lac, ressemblant à des truites) avec une bière Baltika n°3 maintenue glacée dans le Baikal. Puis peut etre par compassion, nous experimentons le supplice de ces salmonidés (suffocation et cuisson au feu de bois) dans un "Banya Rusky". Nous en sortons en nage, la peau lisse comme celle des ombles au sortir du lac.
Les vieux démons du Baikal que j'entretenais depuis ma dernière visite sont vaincus, et il est déja temps de quitter ce havre de paix, avec l'idée que ce ne pourrait être qu'un au revoir.
Commence la débacle du temps : Il se dilate, se décale. A Irkutsk, les gens attendent le trolley qui les conduit au travail : les horloges indiquent 02:00. Les maraichers remballent leurs étals à la lumière du soir, quand il n'est que 14:00!
La nuit suivante commence notre longue migration vers l'ouest, comme lovés dans l'estomac et secoués par les battements réguliers du coeur de cette baleine: le transibérien!
Il ballote quasiment sans escales dans cet océan de Russie. Huits jours et nous espérons arriver à bon port, Paris gare de l'Est.
Nous rentrons dans une sorte d'hibernation ferroviaire. La journée on hésite à siester trop longtemps, de peur de ne plus savoir que faire pendant la nuit.
Le soleil transperce le wagon d'une lumière orange, chaque matin et chaque soir plus tard à mesure que le train grignotte des kilomètres vers l'occident.Parcourir plus d'un millier de kilomètres vers l'ouest dans la journée nous octroie aussi une heure de soleil supplémentaire.
Il n'est même plus l'heure qu'il était hier à la même heure avec un jour de plus, et pourtant nous avons l'impression d'être au même endroit ! Martin se lève en demandant s'il va bientôt faire nuit, Simon s'endort aprés l'extinction des veilleuses, c'est a dire plus tard que tout le monde, sans plus savoir.
La journée, les heures ne passent jamais plus vite que lorsqu'on n'a rien à faire!
Faire de l'eau potable ou du thé ne nous offrent même plus le loisir d'en prendre le temps : une bouilloire dispense de l'eau à 100°C en permanence. Heureusement dresser le pique-nique demeure cérémonieux : trancher finement une tourte de pain noir, y étaler du fromage, peler des concombres et des pommes, ouvrir au couteau une boite de sardines.
A la fenètre, défile en boucle le film de la taiga : des bosqués d'azalés couvrent de tapis violets les prairies et futaies de boulots blancs. Des rivières s'écoulent du Nord, de contrées du bout du monde, règnes des forets, des cervidés, des ours. Entre les marécages, des isbas de bois et des champs de Kartochka (pommes de terre), servant à la confection de chaussons délicieux que vendent des Babouchkas (grand-mères) sur le quai des gares. Ca et là des batiments en ruine, des dépotoirs de matériel à ciel ouvert. Dans le train, les russes sont muets, d'un ennui ...!. Ils peuvent regarder des heures par cette fenetre sans montrer l'once d'une émotion. On n'entend que Martin et Simon, et nous, tempérant leurs rires ou leurs excés d'humeur. Quand les Lego commencent à voler en morceaux, on commence les puzzles, les films , les histoires lues cent fois.
Les jours avancent et Linda n'aura pas le temps de finir ses lectures...on n'a qu'à reprendre des tickets à Moscou demain soir et hop on repart en sens inverse :=)...
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Isabelle et Jean-Marc (lundi, 11 août 2014 19:33)
non mais, vous reprendriez un supplément de voyage ????
Bon retour dans le limousin et à bientôt de vos nouvelles.
Bises à tous les quatre.
Isabelle et Jean-Marc de Toulouse.