De la douceur des boites en bois de cannelle pour parfumer le sucre, à la délicatesse des peintures sur la vaisselle de céramique, en passant par la finesse du coton crocheté ou l'ingéniosité dans le recyclage du papier ou des sacs de riz, MAI Handicrafts propose une foule de produits de belle qualité. Mettant à profit le savoir-faire de tresseurs de feuilles de palmiers ou algues, valorisant la laque naturelle traditionnelle, développant les usages du bambou ou de la noix de coco; 18 groupes répartis dans tout le Vietnam réalisent des produits commercialisés par MAI Handicrafts.
Alors que la mission initiale, en 1990, de MAI était de donner une chance d'accès à l'éducation aux enfants laissés pour compte, une activité parallèle s'est rapidement développee par la création de petits objets d'artisanat vendus sur les "bazars" locaux (marchés évenementiels) afin d'aider les familles et les inciter à scolariser leurs enfants.
En 2010, WFTO (Organisation Internatinale du Commerce Equitable) ayant repéré la qualité des produits confectionnés, a apporté un appui technique à MAI, leur permettant de redéfinir les
conditions de travail des fournisseurs selon les règles strictes de la charte de commerce équitable. Ainsi, les artisans acceptant les contraintes de production ont bénéficié :
- d'un salaire révisé tous les ans selon l'indice national et toujours au delà du minimum légal (100 à 130 $/mois)
- d'informations sur des conditions de travail sures et saines
- d'appuis techniques, marketing et financiers pour développer leur activité en toute autonomie
- d'aides financières pour leurs familles et autres projets personnels
- du paiement de la scolarité des enfants
La certification WFTO leur a été remise en 2012.
Aujourd'hui, les 26 salariés de MAI Handicraft continuent de développer les gammes de produits de 18 groupes, tout en travaillant en toute transparence avec ses clients. Ainsi, plus de 400 artisans sont fiers de réaliser des produits qui sont vendus sur tous les continents. Organisés en entreprises, ou en affaires familiales travaillant à domicile, la vente de leurs produits représente une reconnaissance d'un travail accompli avec coeur et professionalisme.
Poteries de Ba Trang pres de Hanoi
Un exemple d'entreprise choisie et supportée par MAI Handicraft : Dodo ceramics
Facile de se perdre dans les méandres du village traditionnel de céramiques vietnamiennes mondialement connu : Bat Trang. Suivant une moto qui transporte des amphores géantes blanches décorées de
bleu, couleurs traditionnelles locales; on se retrouve au milieu de boutiques qui amoncèlent des services à thé de toutes les couleurs, ceux qui se retrouveront bientot dans nos réseaux de grande
distribution. Bat Trang est pourtant très connu pour la qualité de ses céramiques. La terre argileuse utilisée provient du delta du fleuve rouge et présente des caractéristiques de finesse et
visquosité particulières. Les terres rouges et blanches sont achetées dans les villages voisins et sont tournés à la main, ou le plus souvent coulées dans des moules de platre pour une finition
encore plus lisse.
Au milieu des ces milliards de poteries et céramiques, j'ai fini par trouvé l'atelier renseigné par MAI Handicrafts.
Le Thi Thuy Huyen, directeur de Dodo Ceramics nous invite chaleureusement à visiter un atelier, sur les trois qu'il dirige maintenant. Son histoire avec MAI a commencé il y a 10 ans. La société en 1995 ne comptait que 20 salariés, sur un seul atelier. Ils sont maintenant 60 à développer une gamme de produits à 80% pour l'export, ayant acquis des compétences satisfaisant une qualité supérieure contre un prix d'achat étudié, favorables aux deux parties : acheteurs et producteurs. L'accompagmement pluridisciplinaire de MAI leur ouvre les portes d'un marché extérieur à plus fort potentiel. Huyen a même eu l'occasion de venir en France à la rencontre de ses clients, cet échange d'expérience lui a beaucoup apporté, il en garde un souvenir inoubliable. Ses enfants, devant le succès de cette petite société, reviennent travailler dans la céramique après des études scientifiques pourtant prometteuses.
Dix étapes successives permettent d'obtenir les céramiques traditionnelles que l'on retrouve souvent dans les boutiques de commerce équitable en France. La glaise est tout d'abord malaxée afin d'être délicatement coulée dans des moules de platres, ou tournée à la main. Elles sont ensuite séchées puis finies à la main : découpe de morceaux inutiles, assemblage collage des différentes pièces qui constitue la poterie finale. Une étape de vérification, nettoyage, dépoussiérage intervient avant la mise au four de cuisson pendant 24h à 700°. La deuxième étape concerne la décoration : la poterie peut donc être plongée dans un bain de peinture ou taillée, ou des détails sont peints à la main. Dernière finition pour une qualité impeccable, la pièce est à nouveau dépoussiérée et mise au four. La cuisson à 700° de ces poteries donne un aspect vernissé naturel exceptionnel, qui fait la réputation des céramiques de Bat Trang.
Les salariés sont formés et informés sur le cahier des charges de commerce équitable. Leur salaire dépend de leur production et leurs emplois du temps sont libres. Les frais de santé sont pris en charge par la société. Peu de turn over, chez Dodo ou les conditions de travail sont relativement agréables.
Au nord du Vietnam, CRAFT LINK est une ONG doublée d'une entreprise sociale oeuvrant pour la conservation des traditions et savoir-faires des ethnies minoritaires du Vietnam. Installé à Hanoi,
CRAFT LINK a formé et travaille encore aujourd'hui avec 68 groupes d'environ 100 personnes issus de 30 ethnies différentes, 21 villages traditionnels et 12 groupes de personnes atteintes d'un
handicap physique. Les Hmongs, les Daos, les Lo Lo, les Thai, les Khmers tissent coton ou chanvre, teignent à l'indigo, brodent, cousent et voient, grâce à CRAFT LINK leurs savoir-faires
revalorisés au Vietnam et dans le monde entier. De la céramique au bambou, du chanvre à l'indigo, du papier à la laque et bien sûr la soie traditionnelles sont ainsi remis aux gouts du jour
pour le plaisir de nos achats et pour le développement économique de ces communautés. Ayant une structure très complexe, CRAFT LINK utilise les savoir-faires complémentaires des différents
groupes pour dessiner des produits répondant à une demande majoritairement occidentale, faisant circuler les produits d'un groupe a l'autre.
Sseul ou en en partenariats ponctuels sur des projets UNESCO, UNICEF, OXFAM, Craft Link intervient pour la promotion de l'artisanat ethnique.
La recherche de groupes ethniques, la formation des femmes et la commercialisation des produits, à 80% pour l'export, sont pris en charge par CRAFT LINK qui est ainsi financièrement complètement autonome. Là encore, selon les règles de l'organisation internationale du commerce équitable, la formation comprend une étude des couts de production et définition des prix d'achat, l'enregistrement et la tenue de la comptabilité par les responsables du groupes, la réalisation d'ouvrages selon un modèle prédéfini avec exactitude, l'accompagnement marketing pour le design de nouveaux produits adaptés au marché local et le contrôle qualité. Ainsi après deux ans de collaboration rapprochée, le groupe doit pouvoir développer son marché de manière autonome. Utiliser un savoir-faire ancestral pour apporter des compléments de revenus et mettre en place des projets de développement social est l'objectif de CRAFT LINK, qui s'attache à ouvrir le marché vers l'export.
Nous avons eu l'opportunité de visiter deux groupes, un groupe débutant ses relations avec CRAFT LINK, étant dans le processus de formation: les Xa Pho de Nam Kem ; et le deuxième : un groupe répondant au commandes client depuis plus de 18 ans: les Red Dao de Ta Phin, tous deux dans la région de SAPA (nord Vietnam)
Une journée à Nam Kem permet de comprendre l'enjeu pour ces femmes habituées à broder dès qu'elles ont un peu de temps libre, ou en allant aux champs. Reproduire fidèlement un modèle dessiné par
CRAFT LINK demande une attention particulière. En contre partie elles reçoivent un revenu qui leur permettra d'améliorer leur quotidien, dans un premier temps, et ensuite d'envisager d'autres
projets. Les Xa Pho recoivent des rations de riz de l'Etat, vivant dans une région trop hostile, elles accueillent donc ce nouveau projet avec enthousiasme et c'est 40 femmes toutes générations
confondues, qui se sont libérées une semaine pour suivre la formation technique. Les "team leaders" apprennent pendant ce temps à enregistrer les comptes dans les journaux de comptabilité adaptés
à leurs besoins.
Avec 18 années d'échanges, les Red Dao ont apprécié l'apport financier mais aussi l'éducation faite aux femmes, ouvrant leur univers pour une meilleure autonomie. Les compléments de revenus sont
parfois salvateurs dans des situations rurales très dépendantes des conditions naturelles. Pour CRAFT LINK Les femmes brodent des tissus selon une commande très précise. Les broderies sont
ensuite expédiées dans un autre groupe travail pour être montées sur un produit, par exemple dans un centre humanitaire de Hanoi. CRAFT LINK a également participé à la mise en place d'un marché
d'artisanat local au village, et a la diffusion d'informations sur ces initiatives au plus pres des touristes. Ainsi, des visites touristiques sont maintenant organisées à destination du village
de Ta Phin, ouvrant les perspectives de ventes. Les Red Dao, maintenant plus en contact avec les cultures occidentales ont également développés leurs activités vers l'accueil chez l'habitant et
apprennent par eux-mêmes à valoriser leur culture tout en prenant leur indépendance.
Visite des black Hmong pres de Sapa
Friends For Street Children association - Saïgon
Friends for street children est née d'une association caritative en 1984 et forme aujourd'hui 1 200 enfants dans 4 centres d'éducation de Saïgon/Ho Chi Minh ville. Exclus du système car ils ne
possèdent pas de certificat de naissance officiel, d'adresse fixe ou n'ont pas les moyens d'intégrer une école publique (en effet, même si la scolarité est de faible cout, de nombreux frais
supplémentaires, et autres enveloppes sont indispensables à la scolarisation d'un enfant). FFSC organise également le parrainage de 400 élèves, soutient leurs familles par la prévention de santé,
la formation pluridisciplinaire ou l'accompagnement des projets parfois financé par un micro-crédits.
Depuis 10 ans, une activité parallèle d'entreprise sociale permet aux personnes ayant suivi une formation et développant des compétences en coutures, broderies ou hotelerie peuvent contribuer au
developpement économique de l'association en tirant un revenu supérieur au salaire minimum. 30 femmes bénéficient ainsi d'un emploi stable dans un quartier désolé d'immigrants venus du sud
rural.
Aidées de 2 volontaires françaises, nous avons rencontré l'équipe de FFSC dynamique et engagée. L'entreprise sociale est en plein développement, distribuant pour l'instant le fruit de leur
travail sur le marché local de Saigon.
Reaching out - Hoi An
La belle aventure de Reaching out démarre en 2000 par la création d'une entreprise sociale valorisant les personnes présentant un handicap. L'un des fondateurs, lui même dépendant d'un fauteuil
roulant, donne ainsi sa chance à plus de 50 personnes à plein temps et une centaine d'autres, à domicile dans la région de Hoi an. Le résultat est présenté dans un superbe magasin du quartier
historique de la ville, largement ouvert aux touristes. L'atelier, en arrière cours est accessible au public. Bijoux en argent, soie brodée, céramiques originales valorisent les compétences
d'artisans par ailleurs délaissés par la société.
Leur site est très bien renseigné : http://www.reachingoutvietnam.com